La fin de la voiture électrique

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Déjà programmée pour 2035 à cause d’un “petit” détail que tout le monde a oublié

Article écrit par Shirley Taieb, experte en rédaction technologique qui écrit pour « Mobeez« , le 5 avril 2024.

Le cuivre est un métal essentiel

Pour la transition énergétique et le développement des technologies vertes, notamment les voitures électriques.

Cependant, le monde fait face à une pénurie imminente de ce métal stratégique, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l’avenir de la mobilité électrique.

L’inéluctable pénurie de cuivre

Selon les experts, la demande mondiale annuelle de cuivre raffiné devrait presque doubler d’ici 2035, atteignant 49 millions de tonnes. Cette hausse vertigineuse s’explique principalement par la forte demande des batteries , des réseaux électriques, des cellules photovoltaïques et des transports électriques. Cela représente une augmentation de 64% par rapport à la moyenne des 30 dernières années. Malheureusement, les compagnies minières ne sont plus prêtes à investir dans de nouveaux projets miniers sans avoir une perspective solide de rentabilité, ce qui n’est pas le cas avec les cours actuels du cuivre.

Pas de nouveaux projets dans l’immédiat

Plusieurs groupes miniers ont indiqué qu’ils n’étudieraient pas de nouveaux projets avant que les cours du cuivre ne dépassent 9 000 dollars la tonne, alors qu’ils étaient à 8 381 dollars le 4 janvier 2024L’Agence Internationale de l’Énergie souligne la nécessité d’ouvrir 80 mines de cuivre supplémentaires pour répondre à la demande future, mais cela semble aujourd’hui impossible car la filière n’investit presque plus depuis plusieurs années. Il faut en moyenne 17 ans pour ouvrir une nouvelle mine de cuivre, un délai beaucoup trop long pour combler le déficit imminent.

L’impact sur les voitures électriques

Les voitures électriques sont particulièrement vulnérables à cette pénurie de cuivre. En effet, un véhicule électrique contient en moyenne 83 kilogrammes de cuivre, soit près de 4 fois plus qu’un véhicule thermique. Ce métal est essentiel pour les moteurs électriques, les câblages, les batteries et les systèmes de recharge. Selon les estimations, la demande mondiale de cuivre pour les voitures électriques devrait passer de 0,4 million de tonnes en 2020 à 3,7 millions de tonnes en 2030. Cela représente une multiplication par près de 10 en seulement 10 ans.

Une croissance trop importante du marché de l’automobile électrique

Parallèlement, la part des voitures électriques dans les ventes automobiles mondiales devrait atteindre 30% en 2030, contre seulement 4% en 2020.Face à cette explosion de la demande, les constructeurs automobiles s’inquiètent sérieusement des conséquences de la pénurie de cuivre. Certains ont déjà dû revoir leurs plans de production et de développement de nouveaux modèles électriques. D’autres envisagent même de retarder ou d’annuler certains projets faute d’approvisionnement suffisant en cuivre.

Des solutions à court terme limitées

Face à cette situation préoccupante, les acteurs de la filière cherchent des solutions à court terme pour pallier la pénurie de cuivre. Plusieurs pistes sont à l’étude :

  • Le recyclage du cuivre : Actuellement, seul 35% du cuivre utilisé dans le monde est recyclé. Des efforts doivent être faits pour augmenter ce taux et récupérer davantage de cuivre dans les produits en fin de vie.
  • L’utilisation de matériaux alternatifs : Certains constructeurs étudient la possibilité de remplacer le cuivre par d’autres métaux comme l’aluminium ou l’acier dans certaines applications. Cependant, ces solutions techniques sont souvent plus coûteuses et moins performantes.
  • L’optimisation de la conception des véhicules : Les ingénieurs travaillent également sur des moyens de réduire la quantité de cuivre utilisée dans les voitures électriques, par exemple en miniaturisant les composants ou en optimisant les circuits électriques.

Malgré ces efforts, les experts s’accordent à dire que ces solutions ne seront pas suffisantes pour combler le déficit de cuivre à court et moyen terme. Des investissements massifs dans de nouvelles mines sont indispensables pour assurer l’approvisionnement futur.

Des conséquences désastreuses pour la transition énergétique

Au-delà des voitures électriques, la pénurie de cuivre aura des répercussions sur l’ensemble de la transition énergétique. Ce métal est en effet essentiel pour les infrastructures électriques, les énergies renouvelables et les technologies de stockage de l’énergie. Selon les estimations, la demande mondiale de cuivre pour les réseaux électriques, les éoliennes et les panneaux solaires devrait passer de 9,5 millions de tonnes en 2020 à 18,7 millions de tonnes en 2030. Là encore, cette hausse vertigineuse risque de se heurter à des problèmes d’approvisionnement. Si rien n’est fait pour résoudre la pénurie de cuivre, la transition énergétique pourrait être sérieusement compromise. Les coûts des technologies vertes pourraient exploser, ralentissant leur déploiement à grande échelle. Certains projets pourraient même être purement et simplement abandonnés faute de matières premières.

Agir dès maintenant pour éviter le pire

Face à ces défis, les acteurs de la filière doivent agir de toute urgence pour éviter un scénario catastrophe. Des investissements massifs dans de nouvelles mines de cuivre sont indispensables pour assurer l’approvisionnement futur. Parallèlement, des efforts doivent être faits pour accélérer le recyclage et développer des solutions techniques alternatives. Sans une réponse ambitieuse et coordonnée à l’échelle mondiale, la pénurie de cuivre risque de freiner considérablement la transition énergétique et le développement des voitures électriques.

Les conséquences économiques et environnementales seraient alors désastreuses. Il est donc temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Sources :

  • Rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie, “Copper Outlook 2035”, 2023.
  • Étude du cabinet McKinsey“The Future of Copper: Keeping the Green Transition on Track”, 2022.
  • Rapport de l’Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles, “Global EV Outlook 2030”, 2023.

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