La Cathédrale de STRASBOURG

La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (allemandLiebfrauenmünster zu Straßburg ou Straßburger Münster, version Strasbourgeoise du dialecte alsacienLiebfrauimünschter z’Stroosburi ou Stroosburjer Münschter) est une cathédrale gothique située à Strasbourg, dans la circonscription administrative du Bas-Rhin, sur le territoire de la collectivité européenne d’Alsace.

Siège, disputé durant la Réformed’évêques qui ont été suffragants de la province de Mayence jusqu’au concordat de 1801, elle est ensuite exclusivement affectée au culte catholique romain. Elle est depuis 1988 le siège d’un archidiocèse propre. Dans les années 2010, c’est la deuxième cathédrale la plus visitée de France derrière Notre-Dame de Paris.

Fondée en 1015 sur les vestiges d’une précédente cathédrale, elle est élevée à partir de 1220 par la ville impériale libre de Strasbourg, riche république marchande et financière, dans le style gothique , et est pratiquement achevée en 1365. Elle a la particularité d’avoir vu l’espace entre ses deux tours comblé en 1388 et se reconnaît à son clocher unique, surmonté d’une flèche qui lui a été ajoutée en 1439. Entre 1647 et 1874, pendant plus de deux siècles, elle fut le plus haut édifice du monde avec ses cent quarante-deux mètres de hauteur. Elle demeure la deuxième cathédrale la plus élevée de France après Rouen et la cinquième du monde.

Ce « prodige du gigantesque et du délicat » admiré de Victor Hugo et célébré par Goethe, qui a connu là ses premières amours, est visible de très loin dans la plaine d’Alsace, jusque depuis les Vosges ou la Forêt-Noire. Côtoyée par le bâtiment de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame et le palais Rohan, elle se dresse place de la cathédrale, au cœur de la Grande Île, le centre historique de Strasbourg.

Table des matières

Situation Géographique

La cathédrale est située dans la partie sud de la Grande Île de Strasbourg, en France. Elle se trouve à l’ouest dans le prolongement de la rue Mercière, qui donne sur la place de la cathédrale, cette dernière s’étendant également sur tout le côté nord de l’édifice. À l’est, elle est prolongée par le bâtiment du Grand séminaire, jumelé au sud avec le lycée Fustel-de-Coulanges. Ce dernier ouvre sur la place du Château, qui s’étend au sud de la cathédrale et autour de laquelle s’ordonnent également le Palais Rohan, la Maison de l’Œuvre Notre-Dame et le bâtiment de l’ancienne école impériale de santé militaire.

palais rohan strasbourg
PALAIS ROHAN

À l’inverse de beaucoup d’autres cathédrales, peu de démolitions ont été effectuées afin de dégager la perspective sur l’édifice. La cathédrale de Strasbourg a ainsi la particularité de rester enchâssée dans le bâti environnant, avec un parvis de faible superficie n’offrant qu’un faible recul par rapport à la monumentalité de la façade.

Matériaux

Les murs sont faits essentiellement de grès rose des Vosges (teinte due à une concentration d’oxydes de fer dispersés dans le ciment), matériau dur résistant bien aux intempéries. Le grès bigarré (appelé aussi grès bariolé ou grès à Voltzia dont les variations de teintes sont dues aux variations d’oxydes de fer) à grains très fins est plus tendre et se prête mieux à la sculpture.

Lors de la migration des fluides par capillarité, les oxydes de fer disséminés dans le grès sont transférés vers la surface d’évaporation où ils s’accumulent, donnant une patine ocre. Sur les pierres lessivées par les eaux de pluie, l’acidification accentue les phénomènes de ravinement des lits les plus tendres, sous l’effet des ruissellements, ce qui met parfois en évidence la stratification. La texture satinée de la patine donne au grès vosgien un aspect lisse.

Mais la couleur actuelle est aussi due à la pollution. Le grès (appelé en allemand Sandstein, qui signifie pierre de sable) n’est pas lavable de façon non destructive.

Histoire

La cathédrale débute sa construction en 1015, mais il y-a tellement d’incendies, qu’elle fut partiellement est presque détruite en 1176.

En 1180, Henri de Hasenbourg décide de reconstruire totalement l’édifice, en commençant par le chevet.

L’emprise au sol de la cathédrale de Werner est bien connue, l’édifice gothique ayant réutilisé ses fondations, et montre qu’il s’agit d’un édifice d’une ampleur considérable, l’un des plus vastes de la chrétienté au moment de sa construction. Son plan est identique à celui de la cathédrale actuelle : un chevet rectangulaire massif auquel était accolé un large transept, suivi d’une nef à trois vaisseaux se terminant à l’ouest par un massif de façade rectangulaire ouvrant sur l’extérieur par un porche. L’aspect en élévation de cette cathédrale est en revanche presque totalement inconnu et ne peut faire l’objet que d’hypothèses de restitution basées sur des édifices similaires. Parmi ceux-ci, l’église abbatiale de Limbourg est probablement une copie à échelle réduite de la cathédrale strasbourgeoise et permet de se faire une idée de son apparence.

Du style roman au gothique (1180-1250)

Le chantier débute par le chœur et l’abside, que le maître anonyme chargé du chantier construit sur le modèle de la cathédrale de Worms, alors sur le point d’être achevée, en préservant toutefois l’ancienne crypte. Si la nef et les parties occidentales de l’ancienne cathédrale sont encore conservées pour un temps, le maître d’œuvre prépare déjà la construction de la nef romane en aménageant les fondations et en prévoyant les liaisonnements au niveau des piliers de la croisée. Ces travaux, qui comprennent également la réfection de la chapelle Saint-André, semblent avoir été en grande partie achevés avant 1188, le chœur étant déjà opérationnel à cette date.

S’ensuit à partir de 1196 la construction du bras nord du transept, probablement par une nouvelle équipe de bâtisseurs. Le nouveau maître d’œuvre semble avoir eu connaissance du nouveau style gothique, développé depuis un demi-siècle en Île-de-France, bien qu’il n’en ait eu qu’une maîtrise imparfaite. Ainsi, bien qu’il ait essentiellement pris pour modèle la cathédrale romane de Spire, il tente d’y ajouter une voûte d’ogive, dont la réalisation présente toutefois des défauts. Le bras nord du transept est achevé vers 1200-1210 et le chantier se poursuit alors sur le bras sud. Le maître du bras nord a le temps d’y ériger la majeure partie du mur ouest de la travée nord, ainsi que le portail, mais semble avoir quitté le chantier entre 1210 et 1220.

Un important changement stylistique se produit à cette date sur le chantier, signe d’un remplacement complet de l’équipe de construction. Ce changement est probablement en lien avec l’arrivée d’un nouvel évêque, Henri de Veringen : consacré à Sens en 1207, il a vu les réalisations gothiques d’Île-de-France et s’est probablement attaché peu de temps après les services d’un maître d’œuvre francilien et de ses ouvriers. Le nouveau maître d’œuvre conserve le travail de son prédécesseur, mais modifie totalement le programme des nouvelles parties construites. Il introduit notamment le premier grand ensemble sculpté de la cathédrale, le pilier des Anges. Celui-ci n’est pas seulement une innovation stylistique, mais également technique, avec un usage abondant de fer pour renforcer la structure. Cette même équipe réalise également la chapelle Saint-Jean, puis construit entre 1230 et 1235 le mur extérieur du bas-côté des deux premières travées de la nef.

Parallèlement à l’arrivée de cette nouvelle équipe, le mode d’organisation du chantier semble changer, passant d’un fonctionnement saisonnier à une installation permanente fonctionnant été comme hiver, avec un atelier couvert et des locaux dédiés. Ce changement coïncide avec la première mention en 1224 de l’Œuvre Notre-Damefabrique de la cathédrale chargée du financement et de la conduite du chantier.

Le maître du transept sud est remplacé en 1235 par un nouveau maître d’œuvre, qui conçoit probablement un nouveau plan pour la nef et pourrait également être l’auteur du dessin A, premier projet connu du massif occidental. Outre le jubé, il érige aussi les deux premières travées de la nef, ainsi que la troisième jusqu’à hauteur du triforium. Cependant le chantier s’arrête brutalement vers 1255, sans doute en raison de l’animosité grandissante entre l’évêque et les bourgeois de Strasbourg. le conflit dégénère en guerre ouverte en 1260 et s’achève en 1262 par une victoire totale des Strasbourgeois à Hausbergen. Cet évènement aura d’importantes conséquences sur le chantier cathédral, car non seulement la Ville gagne son indépendance, mais elle en profite également pour mettre la main dans la décennies suivantes sur l’Œuvre Notre-Dame, et donc sur le financement et l’organisation du chantier, ce qui permettra aux bourgeois d’orienter ce dernier selon leur propre agenda.

 : La Cathédrale de STRASBOURG

Le massif occidental et la dynastie des Steinbach (1250-1319)

Lorsque le chantier reprend quelques années plus tard, un nouveau maître d’œuvre est en fonction. Celui-ci modifie le projet de son prédécesseur en raccourcissant la nef, afin de pouvoir réutiliser les fondations romanes pour le massif occidental. Le projet pour ce dernier est également modifié par l’architecte, comme le montre le dessin B, dont il est très probablement l’auteur. Après l’achèvement de la nef en 1275, la façade romane est démolie et l’érection du massif occidental commence, la première pierre en étant posée le 25 mai 1277. Le chantier commence par le portail nord, puis se poursuit avec le portail central. Lorsque le maître du dessin B cesse son activité vers 1280, le premier niveau des travées nord et centrale sont presque achevés, tandis que celui de la travée sud est à moitié construit.

En 1284 arrive sur le chantier le premier architecte de la cathédrale dont le nom soit connu : maître Erwin, dit « de Steinbach ». Celui-ci effectue d’importants changements dans le projet de la façade par rapport au dessin B, ce qui implique de modifier les éléments déjà construits. Une fois le premier niveau complètement achevé, il pose le grand gâble et érige le premier étage de la tour sud, qui est terminé au plus tard en 1316, en même temps que la chapelle de la Vierge à l’intérieur de la cathédrale, ainsi que probablement la tour de croisée. Avant de mourir en 1318, il a encore le temps de lancer la construction du premier étage de la tour nord. La maîtrise d’œuvre passe alors au fils d’Erwin, Johannes, qui achève le premier étage de la tour nord, puis assemble vers 1330 la grande rose occidentale, ainsi que la galerie la surplombant35. Il est probablement aussi celui qui achève la tour sud, bien qu’il puisse également s’agir de son neveu, Gerlach. Ce dernier prend en effet la succession de Johannes à la mort de celui-ci en 1339, même si les deux hommes ont probablement travaillé ensemble depuis longtemps, ce qui rend difficile l’attribution tranchée à l’un ou à l’autre de certaines parties. Entre 1340 et 1347, Gerlach construit la chapelle Sainte-Catherine, puis se consacre à l’achèvement du deuxième étage de la tour nord, donnant à la façade un aspect similaire à celle de Notre-Dame de Paris.

Je vous laisse un article complétant la tumultueuse histoire de la cathédrale de Strasbourg, incendies, révolution française, bombardements, occupations et libérations. Bonne lecture.

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